LE
TEMPS
Antioche est un site découvert au cours du XIXe siècle par des voyageurs.
La Pisidie est au cœur de l’Anatolie occidentale, c’est une région de montagnes et de plateaux compartimentée par des chaînes atteignant 2500 à 3000m. C’est une région de l’Asie mineure qui est actuellement la région des lacs et la province moderne d’Antalya en Turquie. Elle se situait au Nord de la Lycie et de la Paphlagonie entre la Lycaonie au Nord-est, la Phrygie au Nord-ouest et la Cilicie à l’est, mais les limites exactes sont mal définies. Le site se situe à 1km au nord-est de Yalvaç, une ville présente dans la région d’Isparta. La ville est sur une colline à 1200m d’altitude, elle est entourée à l’est par la rivière Anthios, elle se jette dans le lac Eğirdir.
REMONTER
.png)
Cliquez sur l'image !
Sur Antioche de Pisidie, Strabon livre deux témoignages sur la possession d’Antioche par le roi Amyntas (tétrarque puis roi de Galatie en 37 av. J.-C., mort en 25 av. J.-C.) juste avant sa transformation en colonie romaine par Auguste :
XII, 6, 4: Possédant déjà Antioche, près de la Pisidie, et le territoire de cette ville jusqu'à Apollonia près d’Apamée Cybotos, ainsi qu’une partie des premiers contreforts du Taurus et la Lycaonie, Amyntas s’efforçait d’exterminer les Ciliciens et les Pisidiens qui, descendant du Taurus, ne cessaient d’envahir tout ce pays, autant phrygien que cilicien, et il avait réussi à s’emparer de plusieurs places jusque-là inexpugnables, notamment de Cremna. Mais il n’avait pas encore entrepris la conquête de Sandalion, qui se trouve entre Cremna et Sagalassos.
XII, 8, 14: La Parorée est parcourue d’est en ouest par une sorte d’épine dorsale montagneuse au pied de laquelle, sur les deux versants, s’étale une grande plaine. Non loin de la montagne se trouvent des villes, au nord Philomélion, sur l’autre côté Antioche dite Antioche de Pisidie, la première tout à fait en plaine, la seconde sur une colline. Cette dernière abrite une colonie romaine; elle fut fondée par des ressortissants de Magnésie du Méandre. Les Romains la libérèrent du joug des rois quand ils remirent à Eumène tout le reste de l’Asie en deçà du Taurus. On y trouvait notamment le siège d’une prêtrise du Mên Arcaeos ayant autorité sur un grand nombre d’esclaves sacrés et de localités relevant du sanctuaire. Il fut supprimé après la mort d’Amyntas par des agents dépêchés à Antioche pour recueillir son héritage.
Référence: Strabon géographie, Tome IX, Livre XII, Collection des Universités de France, texte établi et traduit par François Lasserre, 1981.
Fondation :
Le fondateur de la cité d’Antioche n’est pas connu avec certitude, mais l’hypothèse qu’il s’agisse d’Antiochos Ier (281-261 avant J.-C.) est la plus vraisemblable. Strabon indique qu’elle fut fondée par des ressortissants de Magnésie du Méandre, cité située près de la côte égéenne. Venus de ou passés par Magnésie, les Grecs ont développé la cité hellénistique sur laquelle on a peu de témoignages. La présence d’un sanctuaire a pu être un facteur expliquant le choix de fonder une cité puis une colonie romaine à Antioche. Néanmoins, le sanctuaire consacré au dieu lunaire Mèn, situé sur un sommet (1584 m), est extra-urbain et éloigné d’environ 4 km de la colonie. En fait, les fondateurs ont préféré s’installer en contrebas, sur un promontoire dominant des plaines fertiles, propices à la culture céréalière, aux arbres fruitiers et à la vigne, celles-ci étant arrosées par une rivière, l’Anthios.
Revers d’une monnaie de bronze frappée à Antioche de Pisidie sous Septime Sévère (diamètre 33 mm)
La scène représentée sur cette pièce illustre le rite de fondation d'une cité romaine.
La colonie romaine :
À partir de 25 av. J.-C., cinq colonies sont créées en Pisidie, dans la nouvelle province de Galatie, dont Antioche de Pisidie.
La création d’une colonie romaine à Antioche de Pisidie répond à la volonté d’Auguste de maîtriser le territoire et particulièrement l’axe routier Est-Ouest. En cela, Auguste n’a pas innové puisque cet axe jouait déjà un rôle important dans l’Empire séleucide pour lier l’Asie Mineure occidentale au cœur syrien de l’empire.
Le réseau de colonies a été déterminant pour maîtriser l’espace montagneux pisidien. Une voie romaine, la via Sébastè, est construite en 6 av. J.-C. sous le gouverneur Cornutus Arruntius Aquila.
Antioche de Pisidie était un relais important dans ce réseau colonial. Les colons romains étaient des vétérans des légions V Gallica et VII. Originaires de l’Italie centrale et du Nord (l’un d’eux est de Parme), ils provenaient aussi de Bétique et avaient été levés en 49 av. J.-C. Parmi les colons se trouvaient aussi des commerçants (negotiatores). Pour l’époque d’Auguste, on estime à 3000 le nombre des colons romains à Antioche de Pisidie.
Cliquez sur l'image !
Les anciens citoyens grecs vivant dans la cité fondée par les Séleucides (sans doute Antiochos Ier) deviennent, au moment de la fondation de la colonie romaine, des non-citoyens (incolae). Quant à la population d’origine anatolienne qui n'a pas été intégrée, elle conserve ses statuts de non-citoyen ou d’esclave.
La cité grecque d’Antioche change de statut administratif et est refondée sous le nom de Colonia Caesarea. La colonie était divisée en « quartiers » (vici) dont au moins sept sont connus par des inscriptions (Venerius, Aedilicius, Velabrus, Patricius, Tuscus, Cermalus et Salutaris).
Antioche de Pisidie, comme d’autres colonies d’Orient, frappa des monnaies tout au long du IIe et du IIIe siècle à l'effigie du Génie local (Genius coloniae, esprit protecteur de la colonie) ainsi qu'à celle du dieu Mèn, qui fut le dieu protecteur de la cité grecque puis de la cité romaine.
© 2021 par CMI ENPAJ. Créé avec Wix.com